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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 15:43

 

Fabriquer une réplique d'arc droit mésolithique d'après les données archéologiques disponibles aujourd'hui, c'est possible (mais pénible) !!!

 

 

Les données archéologiques sont riches pour illustrer l'utilisation de l'arc comme arme de chasse, de jeu et de conflit au cours du Mésolithique européen (10 000 / 5500 av.J.-C.). Pointes de flèches en bois, en os et en silex, hampes et préhampes de flèches en bois et en os, dans le meilleur des cas des vestiges des arcs eux-mêmes. Les milieux humides permettent la conservation des matériaux organiques ordinairement absents des sites archéologiques.  Plus d'une dizaine d'arcs mésolithiques sont connus en europe par le biais des fouilles, de dimensions diverses, de puissance limitée par rapport à l'archerie historique et moderne. Vous trouverez la description des exemplaires d'arcs mésolithiques  ici

Un tableau présentant l'historique des découvertes, les essences utilisées ici.

 

Restituer les savoir-faire des chasseurs mésolithiques en matière de fabrication d'arcs 

 

Atteindre le gibier, la cible, à distance par un tir précis, à l'affut ou à la poursuite,  tel est l'objectif de l'archer mésolithique, en complément du plus aisé piègeage, de la pêche, de la cueillette et de la collecte sur un territoire dont toutes les ressources sont connues et gérées. La fabrication expérimentale (ou pré-expérimentale) de répliques d'arcs mésolithiques implique la connaissance des essences végétales présentes à l'époque dans l'environnement, mais aussi une approche des univers techniques et technologiques dans lesquels les populations mésolithiques évoluaient.


Si je ne suis pas chasseur du tout, j'aime tout de même tirer à l'arc avec les pièces que je fabrique. Celà permet de bien connaître l'arc utilisé, de savoir ce que l'on peut exiger de lui en fonction des conditions climatiques, de l'environnement, mais aussi de l'historique de sa fabrication-maison.

 

Je ne prétends pas restituer ici "la" chaîne opératoire de la fabrication d'un arc mésolithique sur ces pages, mais au mieux approcher les sensations et informations que procure l'expérience du travail sur bois frais puis sec, avec un outillage "archéo-compatible" composé d'outils attestés par le biais des fouilles pour le Mésolithique européen. Suite à cette expérience documentée par des photos (merci Akhénaton!) et autres données chiffrées, j'espère prochainement vous faire part d'autres tentatives avec des options différentes dans l'approche de la chaîne opératoire.

 

Je ne suis pas un facteur d'arc dans l'acceptation actuelle du terme. J'essaie tout simplement de mettre à profit dans cette démarche ma capacité à produire des répliques d'outils et de techniques préhistoriques (silex, matières dures animales, bois végétal, fibres végétales et animales, abrasifs, adhésifs et colles) pour tenter d'apporter et de discuter des pistes de réflexion sur l'archerie des origines. Si vous vous sentez concerné(e) par ce concept d'une manière ou d'une autre, bienvenue dans les discussions, utilisez les commentaires!

 

La préparation : collecte des matériaux et fabrication de l'outillage

 

Trois billes (jeunes troncs) de frêne (de 7 à 10 cm de diamètre et de 1.80 mètres de long), essence attestée pour la fabrication d'arcs mésolithiques, ont été coupées deux jours avant leur mise en oeuvre pour la fabrication et conservées horizontalement à l'ombre et à température constante, de façon à travailler sur bois frais, ce qui est préférable lorsque l'on a recours à des outils en silex, en bois de cerf et en os pour réaliser les différents stades de la chaine opératoire d'un arc. Bien sûr, le choix s'est porté sur des billes régulières, a-priori non vrillées, comportant peu de noeuds. Le premier stade consiste en l'idée de fabriquer un arc, le second de chercher un tronc qui convienne, le troisième de le couper.

 

J'ai volontairement scié (dans un endroit que ces coupes n'handicapaient pas, consultez le code de déontologie) des billes d'un diamètre si faible en considérant que j'allais effectuer le refend direct de ces dernières, en placant le dos de l'arc juste sous l'écorce de frêne, qui ne sera pas difficile à enlever du tout après la mise en forme de l'ébauche sur demi-bille de bois frais, avant séchage, vous verrez. Notez que ce postulat peut être discuté. Commentaires, bienvenue.

 

Mon objectif est donc de fabriquer un arc droit, plat, fonctionnel mais de puissance assez limitée (la mesure du poids, de la puissance et de l'allonge, du spine et autres "fioritures" étaient-elles au coeur des préoccupations préhistoriques ? En tout cas ces mesures seront effectuées a-posteriori, ça ne mange pas de pain. Bientôt un article sur le sujet). Le frêne est un bon bois d'arc qui livre son verdict sur la viabilité de l'ouvrage assez tôt dans la chaîne opératoire de fabrication (poches de bois sec, noeuds profonds, interventions de xylophages, de champignons). Nous allons bientôt savoir si les billes sélectionnées seront à la hauteur de ce que l'on attend d'elles.

 

Le déroulé présenté ici commence au quatrième stade de la chaîne opératoire, avec une opération qui consiste à fendre le tronc en deux parties égales dans sa longueur : le refend de la bille. A noter, le refend n'est pas indispensable et l'on peut choisir de rétrécir le diamètre de la bille en attaquant directement un des côtés à l'herminette. Tenter le refend est plus risqué mais c'est un bon entraînement, et au final un bon gain de temps et d'efforts physiques. Si le fil de la bille est régulier et droit, le double rainurage et le refend ne posent pas de problèmes et n'excèdent pas 30 à 45 minutes, avec l'habitude de manier des outils en silex.

 

Mais avant toute chose, voici la présentation de l'outillage utilisé pour la fabrication :

 

  Outils arcs 1 taille reelle

 

1 : Herminette avec lame en os (métapode de cerf), pièce intermédiaire en bois de cerf, manche en cornouiller.

2 : Herminette en bois de cerf biseauté, emmanchement direct, manche en prunelier sauvage.

3 : Herminette avec lame en os (métapode de cerf), emmanchement direct, manche en fusain.

4 : Masse de buis, 1,8 kilogrammes.

5 : Outillage en bois de cerf ; coins, ciseaux et couteau.

6 : Outillage en silex ; burin, grattoirs, racloirs, couteau à dos, denticulés (hors photo).

 

outils arcs 2 taille reelle

 

7 et 8 : Vues de la partie active des grattoirs en silex.

9 : Protections de cuir (peaux de cerf) tanné à la graisse de poisson, indispensables).

10 : Grande prêle, abrasif.

 

Le temps de l'action

 

Sur ces images, à gauche, les différents stades de la chaîne opératoire de la fabrication d'un arc droit mésolithique, que nous allons vous proposer. A droite, les outils complexes destinés au travail du bois.

 

Outils et chaine op arcs 0 taille reelle

 

Une bille de frêne brute d'abattage d'1,80 mètre de long est sélectionnée (image 1).

La bille est rainurée dans sa longueur au burin en silex , de part et d'autre du diamètre , pour guider la fente dans le sens du fil du bois. L'opération prend entre 30 minutes et une heure (image 2).

 

  Refend 1 taille reelle

 

Et maintenant place à la masse et aux coins en bois de cerf, chaque mouvement doit être bien contrôlé, inutile de risquer une vilaine blessure à ce stade des opérations.

 

Après quelques coups modérés, la bille amorce sa fente dans un craquement continu. La fente suit parfaitement la rainure, un nouveau coin en bois de cerf percuté à la masse permet de la faire filer au fur et à mesure sur toute la longueur. Le refend est réussi en quelques minutes (images 3 à 8 et ci-dessous 1 à 3). ll reste à choisir la demi bille la plus régulière et présentant le moins de noeuds possible pour la réalisation de l'arc. Il faut ensuite régulariser le profil de l'arc à l'aide d'un ciseau en bois de cerf et de la masse (images 4, 5, et 6 ci-dessous).

 

fin refend et ventre taille reelle

 

Voilà une phase pénible durant laquelle if faut enlever de l'épaisseur sur la face plane de l'arc (le ventre) en ayant recours alternativement à un grattoir pour faire "pelucher" les fibres, puis à une herminette de façon à arracher et tirer les fibres vers les extrémités des branches. La poignée est conservée volontairement plus épaisse dans le profil de l'arc (7 et 8 ci-dessus, 1, 2 et 3 ci-dessous).

 

affinage_ventre_et_poignees.jpg


Après avoir défini l'emplacement de la poignée, on y réduit la largeur du dos de l'arc pour une meilleure prise en main par des opérations de sciage au silex (4, 8) et de refend au ciseau en bois de cerf (5, 6 et 7).

La première demi-journée de travail se termine sans souci majeur, juste une cassure de la lame en os de cerf sur l'herminette numéro 3.

Prêt à repartir le lendemain  avec quelques courbatures.

 

mise en forme branches planche

 

De retour en action, il convient maintenant de réduire uniformément et progressivement depuis la poignée jusqu'aux  futures poupées la largeur des branches de l'arc. Pour cette opération, on peut utiliser une cordelette afin de vérifier l'alignement des futures poupées et de la poignée (sans encore bander l'arc, juste en attachant la corde à l'une des extrémités et en rejoignant l'autre). Cependant le bois est encore frais, et l'arc n'a pas fini de "bouger"...

L'essentiel est que cet alignement reste correct une fois l'arc sec et bandé, sinon les probabilités de casse semblent augmentées. Je travaille à même le sol sur une peau tannée en prenant soin de ne pas abîmer le dos de l'arc, qui comporte encore l'écorce à ce stade. Toute rayure profonde entamant transversalement les fibres mettrait en péril la pérennité de l'arme.

 

 

 

La suite bientôt... ;-))

 
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commentaires

B
Bonjour<br /> Cette blog est trés interesant, mais pour la fabrication de l'arc, j'ai d'une question: c'est la meme chose fabriquer un arc paleolithique? Ou sont las differences? Je sais, par exemple, que las pointes sont differentes, mais le rest du procés je ne l'y connais pas. Aussi, tu n'a pas d'un vidéo pour avoir d'un explication plus gráphique? Merci en avant pour le travaill :)
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L
bonjour<br /> très bien se que vous faite .moi mème je fait un des lonbow.pas évident,mais quand même avec quelque outils moderne mais a la main ,pas de machine<br /> étant archer et chasseur a l’arc sait très instructif a faire .<br /> et comme vous dit l allonge le spin et tout le reste je pense quand sait la ,il devait pense a autre chose .<br /> bonne continuation
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